12 Mar 2014 Lidia Bastianich est la juge de Masterchef Junior Italie : de chef à star de la TV en Italie
Voyager à travers l’Italie, voyager à travers l’Amérique. Reconnecter les liens de cette connexion privilégiée entre ces deux pays, à travers la nourriture. Telle pourrait être la description de la vie de Lidia Bastianich.
Après une carrière réussie en tant que restauratrice et chef (ses restaurants sont le Felidia, Becco, Del Posto, Esca, Lidia’s à Kansas City et Pittsburgh, et elle est aussi associée avec Eataly, à New York), Lidia est devenue une star de la télévision avec son émission culinaire ‘L’Italie de Lidia’, en voyageant à travers les 20 régions d’Italie et faisant découvrir l’authentique cuisine italienne mais aussi diverses traditions et endroits italiens.
Une autre de ses fameuses émissions était ‘L’Italie de Lidia en Amérique’, un voyage à travers les Etats Unis, pour montrer, grâce à la nourriture, comment s’exprime « l’italianisme » et comment celui-ci a été transformé dans ce pays.
Les fans italiens vont désormais pouvoir la suivre dans sa toute nouvelle émission « Junior MasterChef Italia », la version enfant du talent culinaire le plus connu de la planète, dans laquelle Lidia sera l’un des trois juges.
Lidia a vécu à Trieste jusqu’à ses 12 ans, puis déménagea aux Etats Unis avec sa famille.
Découvrons en plus sur la vie de Lidia Bastianich avec cette interview inédite de Ville in Italia
Pourriez-vous nous décrire les italiens qui vivent en Amérique?
Au cours de mes voyages, j’ai pu constater que l’italianité est encore très présente à travers les générations. Les Italiens Américains sont très fiers de leurs origines même s’ils ne sont que la troisième ou quatrième génération d’italiens.
La nourriture est la colle qui unit ces générations, et même si ce n’est pas de la véritable nourriture italienne, depuis qu’elle a été « américanisée », elle reflète toujours leurs origines. A la Nouvelle Orléans, par exemple, il y a beaucoup de Siciliens et il y a un plat qui s’appelle Muffoletta. J’ai fait quelques recherches et j’ai découvert que cette spécialité existe en effet en Sicile.
Dans la région de San Francisco il y a une forte présence ligure et dans les restaurants, vous pouvez même trouver du « Cioppino », une soupe de poisson très connue. Les piémontais ont tendance à se concentrer dans la Napa Valley, où les vins les plus connus sont produits. En Californie du Sud, dans la vallée de la Salinas, il y a d’énormes fermes où l’on fait pousser des artichauts et des navets, un business conséquent importé d’une autre famille sicilienne, les d’Arrigos.
Comment la cuisine italienne s’est-elle transformée aux Etats Unis ?
Quand les émigrants sont arrivés à la fin des années 1800, ils n’arrivaient pas à trouver les bons produits, il n’y avait pas d’huile d’olive, de fromage Grana Padano, d’assaisonnements, d’épices, de basilic, de sauge… La cuisine italienne a donc du se développer en s’adaptant.
Il y a une utilisation abondante de l’ail, par exemple, probablement parce que cela rappelait l’Italie aux personnes.
L’Amérique est, dans tous les cas, la terre de l’abondance, et donc, par exemple, à Naples, les pâtes à la tomate sont un plat préparé les dimanches, avec du porc et un peu de couenne, alors qu’ici il y a beaucoup plus de viande – boulettes de viande, saucisses – car une telle abondance exprime le niveau de bien-être auquel ils sont parvenus.
A part être l’un des visages les plus connus de la scène gastronomique télévisuelle, mais aussi l’auteur de livres basés sur votre émission, vous avez aussi une longue carrière en tant que chef et restauratrice. Comment avez-vous commencé votre carrière ?
J’ai ouvert mon premier restaurant (La Buona Via) à New York en 1971, mais j’ai seulement commencé à importer la cuisine italienne en 1981, avec Felidia.
Que cuisinez-vous à la maison ?
Tout comme ma grand-mère, je suis les saisons de près : à l’automne, par exemple, je cuisine du risotto avec des champignons, des pâtes avec des haricots, du gibier, des légumes pour la soupe. Je préfère aussi certains endroits selon la saison : le Piémont, avec ses truffes et son brouillard, ou l’Ombrie.
Pendant l’été, dans le sud, les Pouilles, la Basilicate, la Calabre et la Sardaigne, mais aussi dans les lacs du nord. Ce qui rend l’Italie si fascinante c’est qu’elle a toujours de nouvelles choses à offrir, une mosaïque de joyaux , plus petite que la Californie mais immensément riche et diversifiée.
De plus, les gens sont très accueillants, je me sens chez moi où que j’aille, aussi parce que la nourriture ouvre des portes. Nous ne devrions pas non plus oublier l’atmosphère que l’on trouve dans les marchés, comme le Vucciria à Palerme : il y a une certaine musicalité dans la nourriture…
Quels endroits en Italie vous tiennent le plus à cœur ?
Je ne peux pas vraiment choisir, parce que j’ai parcouru l’Italie en long et en large avec ma famille quand mes enfants étaient petits, et plus tard, alors que j’étudiais pour devenir chef et allais souvent en Italie pour me tenir à la page.
La maison familiale était à Friuli, et maintenant, mon fils Joe, et moi même, possédons deux vignobles là bas, l’un dans les collines de l’est à Cividale del Friuli, et l’autre à Buttrio, en dehors de Cividale, et nous produisons du vin que nous exportons dans le monde entier. Notre œnologue, Maurizio Castelli, nous a conseillé d’acheter de nouvelles terres à Maremma, au sud de Grossetto, La Mozza.
Joe, notre associé Mario Batali, et moi même avons fondé La Mozza en 2000. Nous produisons seulement 2 vins à Morellino di Scansano, et notre mélange Super-Méditerranéen appelé Aragone, Super-Med est le terme utilisé pour Aragone car il incorpore de très bonnes variétés de raisins de la Mer Méditerranée.
J’ai eu aussi la chance de découvrir la Maremma, une terre sauvage et superbe.